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Groupe des 39, le 21 Fév 2009.

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NON MERCI NOUS NE VOULONS PAS DE CETTE MANNE AVILISSANTE

par Groupe des 39  samedi 21 février 2009

Camus dans sa préface à l’édition allemande des poésies de René Char dit que « ce beau révolté échappe au sort de tant de beaux insurgés qui finissent en policiers ou en complices » Nombreux sont ceux que le discours du 2 décembre de Nicolas Sarkozy a révoltés.Nombreux ont témoigné de leur colère et ont publiquement revendiqué le droit à la dignité pour les patients et ceux qui les soignent cherchant à ne pas céder sur l’essentiel.

Depuis le 22 janvier la circulaire Bachelot sur la sécurisation des établissements qui accueillent des malades mentaux nous met face à un choix éthique majeur : accepter ou pas l’argent qui nous est proposé pour créer de nouvelles chambres d’isolement, mieux assurer la clôture des sites d’hospitalisation, acquérir des bracelets électroniques, faire appel à des vigiles etc…

Les « 39 » héritiers aussi de la mémoire des 40 000 morts dans les asiles entre 39 et 45 appellent les 1789 du meeting du 7 février 2009, les 22000 qui ont signé contre la nuit sécuritaire et tous ceux qui sont concernés à refuser la moindre utilisation des 70 millions Euros subitement trouvés pour mettre en œuvre la sinistre entreprise présidentielle, alors qu’il n’y a pas d’argent pour améliorer vraiment notre travail.

Refusons d’être complices de cette mauvaise action.

Refusons d’être les policiers d’un ordre où la folie, mise au secret derrière des clôtures renforcées, reléguée dans des chambres d’isolement plus nombreuses, repérée par une géolocalisation généralisée, aurait cessé de nous déranger dans le confort de certitudes avilissantes .

N’oublions pas que toute cette agitation sécuritaire s’origine du crime d’un patient et qu’Alexis Carrel en son temps, reconnu par Jean Marie Le Pen comme son modèle en écologie avait proposé la création pour les fous criminels de dispositifs où des gaz appropriés permettraient de régler le problème.

L’on ne nous propose pas cela aujourd’hui mais comme la perpétuité a remplacé la peine de mort l’on nous demande de mettre les patients hors d’état de nuire, c’est-à-dire hors d’état de vivre autrement qu’à l’écart enfermés dans des hôpitaux de haute sécurité.

Déjà aujourd’hui, certains, pris dans le trouble où nous conduit l’époque, parfois du fait de la pénurie en soignants, acceptent déjà d’utiliser des modalités de soin peu conformes à l’éthique. Nous les invitons à rouvrir un fécond dialogue institutionnel pour trouver les moyens d’y renoncer et de ne pas en rajouter à l’écoute des sirènes du pouvoir nous les invitons à venir en débattre avec nous dans les collèges locaux de réflexion et dans les forums itinérants que nous initierons.

Nous affirmons ici que nous ne renoncerons décidément pas à nous révolter contre ce qui dans le discours politique, dans le contrôle gestionnaire de nos pratiques, dans le dépérissement de la clinique, dans les formations où la complexité des humains n’est plus considérée, assujettit chaque jour un peu plus les patients à un ordre qui les exclut de tout lien social.

Nous appelons donc tous les psychiatres et toutes les équipes de soins à refuser cette manne avilissante.

 

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