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Prise de position d'Hervé BOKOBZA au sujet de la certification

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Voici un exemple de réponse, une prise de position nette, d’un médecin au sujet de la certification.

Il y a deux ans, suite à une visite de la certification, lors du temps de restitution par les experts visiteurs devant toute l’équipe de la Clinique Psychothérapique St Martin de Vignogoul (34), Hervé BOKOBZA, Médecin Directeur, prend la parole comme responsable et conclut ainsi :

« Mesdames, Messieurs, chers collègues,

Tout d’abord un grand merci à toute l’équipe de St Martin de Vignogoul et particulièrement à notre directrice pour avoir accepté de se soumettre à cette redoutable épreuve de l’accréditation.

Merci à tous d’avoir accepté des contraintes étrangères à notre fonctionnement habituel.

Merci à tous d’avoir fait l’effort gigantesque d’une lecture d’un langage administratif abscons et coupé de votre engagement quotidien.

Mesdames, Monsieur, les experts visiteurs, vous m’avez confié combien vous vous étiez sentis bien accueillis.

Apprenez que pour nous le principal critère d’évaluation du bon fonctionnement d’une institution est justement à repérer dans ce champs : celui de l’accueil de l’étranger, de l’étrange de l’inconnu ; C’est le principal indicateur, pour reprendre votre terminologie, de la créativité indispensable à notre discipline avec cette fonction essentielle d’empathie et de respect de la singularité de l’autre.

Nous pourrions, vous auriez pu en rester la. Qui plus est, comme vous l’avez je l’espère entendu il est bien plus difficile de vous accueillir que d’accueillir le malade mental le plus gravement atteint.

Vous êtes venus essentiellement pour évaluer nos pratiques professionnelles. Et pourtant nous n’avons pas eu le loisir de vous exposer l’essence de notre projet.

Kafka n’est pas loin. Notre projet de soin repose sur l’évaluation permanente de nos pratiques. Chaque institution créé ses codes, ses procédures ; ils constituent sa trame essentielle, ils dessinent le cadre de travail, essentiel au repérage des contre-attitudes négatives ou pathogènes ;ils permettent de lutter contre les dérives d’un fonctionnement terrain vague ou à l’inverse d’un fonctionnement machinique mais ces constituants ne vous intéressent pas car ils ont pour objet de lutter contre l’homogène, la standardisation ou la stigmatisation. Pas d’étalonnage mais justement la mise en place d’un dispositif institutionnel à même de rendre compte de la spécificité de chaque soin, de l’écart qu’il y a

entre le protocole et la spécificité de chaque prise en charge ; c’est de l’hétérogène que surgit l’espace créatif dans tous collectif de soins.

Hors vous souhaitez juger la qualité de l’homogène.

Pour revenir à votre cotation, je trouve inacceptable cette série de C qui viennent sanctionner l’EPP, c’est tout simplement la preuve évidente d’une concordance impossible car tout simplement votre objet n’est pas le notre.

Vous avez eu l’outrecuidance de nous dire que le C vient dire qu’il ne faut pas nous endormir sur nos lauriers ; mais nous ne vous avons pas attendus pour évaluer notre travail ; vous avez également émis l’idée que nous devrions envoyer des personnes se former à la notion de qualité, c'est-à-dire former des personnels à une meilleure connaissance de l’attente de la HAS, à mieux savoir remplir les cases, mieux savoir comprendre vos items, mieux savoir comment accepté l’encerclement, l’affadissement, l’expropriation imposée par la HAS de nos expériences , tout simplement de notre position de soignant avec tout ce qu’elle comporte de créativité, de subjectivité et d’effort de penser.

Avant votre visite j’émettais deux hypothèses :

 Soit il existe une rencontre possible entre deux langages en apparence distincts pour trouver un terrain commun

 Soit cette rencontre est impossible et il s’agirait alors de tenter de nous arracher, de nous détacher, de nous expulser de notre langue afin qu’elle disparaisse dans les méandres de la standardisation, dans les critères de certification ou autre validation

Ces quatre jours passés en votre compagnie viennent hélas étayer d’une manière éclairante la deuxième hypothèse.

En ce sens la V2 est une colossale machine bureaucratique intrusive, malveillante et destructrice ; vous vous faites les agents d’une oeuvre qui entame le projet de soin qu’une équipe doit élaborer patiemment, en toute indépendance et qui doit avant tout lui appartenir.

Et pourtant, m’avez-vous dit, nous aurons surement un bon rapport. Merci mais que m’importe aujourd’hui ?

Avant votre arrivée j’étais déterminé, serein et inquiet.

Aujourd’hui je suis déterminé, serein et très inquiet pour l’avenir.

Je vous remercie et bon retour. »

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