17èmes Rencontres

Publié par les psy-causent

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COMPTE RENDU DES 17èmes RENCONTRES DES PSY CAUSENT      

       

« L’inattendu dans la rencontre, c’est aussi la possibilité d’une absence » TOLTEN

 

 

 

Malgré l’éloignement et son absence pour raisons de santé, Jean OURY, comme il le fait inlassablement, a mis au travail un collectif !      

Sa parole était présente. Cette dernière nous a aidé, elle a impulsé une dynamique, une réflexion. Nous pensons bien à lui.

 

Nul doute que très prochainement nous redessinerons ensemble les contours d’une rencontre.

 

 

 

Vendredi soir les 150 personnes réunies dans la salle communale d’ALGANS ont passé une belle soirée .

 

Cette réussite nous la devons à votre présence et aux qualités de nos trois invités.

 

L’intensité des propos et la générosité de Fernando VICENTE , la sensibilité de Maguy MONTMAYRANT, la poésie et la finesse de TOLTEN.   

 

Fernando et Maguy nous ont fait profiter de leur grande connaissance de la Psychothérapie Institutionnelle et des liens qui les unissent à Jean OURY.   

 

Ces liens et cette connaissance se sont naturellement articulés et conjuguée à « l’improésie », aux interventions slamées, décalées, drôles, poétiques et tellement justes de TOLTEN.

 

       

L’ambiance était belle, la salle décorée par des affiches, des photos et des réalisations de patients sur le thème de la soirée. Toutes imaginées dans des ateliers thérapeutiques : créativité artistique, peintures, œuvre collective,  photos et métaphore autour du Sténopé, créations en papier mâché, expo sonore des animateurs de l’émission Magik Sud sur la radio FM Rd’autan.

 

       

TOLTEN a démarré par cette phrase : « L’inattendu dans la rencontre c’est aussi la possibilité d’une absence ».   

 

Il a superbement lancé la soirée par une lecture de ses textes. Magnifiques.

 

Il joue et jongle avec les mots avec virtuosité, il se promène sur le fil du vocabulaire et des sons comme un funambule sur un câble, en équilibre, sans faux pas et c’est toute la salle qui retient son souffle, suspendue... à sa poésie.

 

Il a rappelé en slamant « que ON sans fous et on s’en fout » ce n’était pas possible et qu’on ne pouvait laissait faire.   

 

Les mots qu’il mêle, assemble et fait sonner, résonnent encore en nous. Impossible de ne pas repenser à sa prestation offerte comme un cadeau précieux.   

 

Il nous a conté combien les êtres étaient fragiles, les dérives rapides.

 

Il nous a proposé des croquis sonores autour du soin, centré sur le sujet : « il parait que le soin s’articule autour de ce que je suis » plus loin « on veut nous imposer des partitions illisibles ».

 

Ses interventions sur les portes fermées, les soins, les clés à trouver ou à garder, ou encore sur « les réformes qui déforment » sont pleines de sens.

Ses textes sont beaux, lumineux et la dernière phrase de sa première intervention pleine d’espoir :  « l’amour de l’humain me laisse croire en demain »...

 

       

Fernando VICENTE a enchainé derrière TOLTEN, avec la générosité et la passion qui le caractérisent. Il nous a livré une intervention pleine de profondeur, d’humour et de malice...

 

En préambule il nous a fait part de ses propres rencontres, déterminantes, avec TOSQUELLES et OURY, soulignant au passage les valeurs humanistes inhérentes à la Psychothérapie Institutionnelle et incarnées par ces deux grands noms.   

 

Dés le début de son propos Fernando a insisté sur la notion de disponibilité. Il a évoqué la grande disponibilité de TOSQUELLES, et celle toujours d’actualité de Jean OURY à Laborde.

 

Il a insisté pour dire combien ce mot était extrêmement facile à prononcer et tout aussi compliqué à vivre dans notre travail quotidien en psychiatrie ou dans le médico social.  

 

« Ca ne suffit pas d’être disponible, il faut surtout savoir ce qu’on fait avec ce qu’on reçoit de l’autre, ce que l’autre dépose en nous ».      

Il y a un énorme travail à faire avec ça, un travail qui ne finit jamais...

 

Fernando VICENTE s’est alors appuyé sur des anecdotes dans lesquelles on pouvait percevoir les attentes exclusives et la disponibilité attendues par l’Autre « c’est ce qui lui permet de penser qu’il n’est pas seul, c’est ce qui le tient vivant... »« Il faut savoir que faire avec l’histoire de l’autre, histoire qui nous tombe dessus »   

 

Il est revenu ensuite sur la Rencontre et la lecture que l’on pouvait faire à posteriori des rencontres qui tiennent encore, abordant par ce biais, le désir, la présence, le transfert.      

« Pourquoi il y a des rencontres qui tiennent et d’autres pas ? »      

« la rencontre présuppose un terrain fait aux histoires de chacun, singulières, et de ce que l’autre va réveiller chez moi »

 

Il nous a expliqué longuement qu’on ne pouvait pas parler de vraie rencontre s’il n’y avait pas un respect pour l’histoire singulière de chacun.      

Il y a rencontre car on se retrouve dans des chemins parallèles au niveau des valeurs et l’autre vient réveiller quelque chose qui était déjà là.

 

Le parallèle proposé entre Rencontre et Transmission était passionnant. Il nous a donné matière à réflexion : « La transmission ne doit pas être imposition ».   

 

Fernando a rajouté « il faut accepter que nous n’avons rien à donner et rien à transmettre » ! Cet argument a suscité des questions de la part de la salle.

 

Fernando a illustré ce fait en prenant exemple sur TOSQUELLES qui donnait l’impression qu’il n’avait rien à transmettre et lui avait dit un jour : «  Il y a des choses qui tombent et des gens qui les ramassent ou pas » !

 

       

Maguy MONMAYRANT a débuté son intervention, après le passage de Fernando sur la disponibilité et la transmission, par une réflexion complémentaire sur les lieux et les espaces.   

 

Elle l’a fait à partir de son histoire, personnelle, mais aussi professionnelle. Les deux ne seraient elles pas liées ?

 

Elle a évoqué sa rencontre avec OURY à l’occasion des journées de St ALBAN et comment ce dernier avait réussi à créer dans un atelier, dans un collectif, une ambiance propice à la circulation de la parole. S’appuyant sur le travail de CHAURAND et d’OURY, elle a insisté pour nous dire que pour elle rien est inéluctable, on peut créer et maintenir vivant un espace, un lieu où la folie a droit de citer, où « la folie n’est pas hors propos, où elle est au contraire dans le propos ».

 

Autre thème , développé par Maguy MONMAYRANT : La présence.   

 

Celle de CHAURAND à St Simon et celle de TOSQUELLES et OURY : « une vraie présence, au sens littéral du terme. Leurs fenêtres étaient toujours allumées, jusque tard le soir. »   

 

Cette lumière symbolisant la présence rassurait visiblement les patients et guidait probablement les soignants...

 

Elle a évoqué la Présence de Jean OURY à La Borde  « qui veille en permanence à la maintenance de ce grand paquebot par des petites modifications, des réajustements quotidiens. »   

 

Pour elle, rencontre et présence sont liées, l’une ne va pas sans l’autre.

 

Elle a terminé son propos par une anecdote qui lui a permis de nous dire, avec beaucoup de délicatesse, que la présence du corps dans une certaine disposition d’esprit est probablement ce qu’il y a de plus précieux pour avancer.

 

      

TOLTEN est revenu sur le devant de la scène pour nous livrer une 2ème intervention imaginée et rédigée pendant les propos de Maguy.   

 

Dans cette dernière prestation on a retrouvé pelle mêle quelques pépites mélangeant humour et pertinence.

 

Convoquant alors, comme dans un inventaire à la PREVERT, le Docteur Jean OURY ( DJ OURY mixant psychanalyse et surréalisme !), « LACAN et ses lacunes », reprenant aussi la métaphore de la fenêtre allumée en déclarant « qu’il valait mieux une fenêtre allumée qu’un psychiatre allumé ! » ou encore illustrant la folie évaluatrice de la HAS en détournant la question de Jean OURY « qu’est ce que je fous là » pour la remplacer par un « qui est fou là !! »

 

Fernando, sensible au contenu et à son humour, a repris le cour de la discussion en revenant sur les propos de Maguy MONTMAYRAN relatifs à la présence et au corps.  

 

Le corps comme surface d’inscription, seule surface que nous avons pour que la souffrance ou les symptômes apparaissent.     

« On ne peut pas lire quelque chose sur la surface de l’autre si on est pas disponible et en situation d’écoute ».

 

Il a pour finir évoqué les préalables nécessaires pour transmettre, la clinique incontournable pour être crédible, la liberté de parole que nous devons conserver et enfin le pas de côté nécessaire à faire dans l’espace de la rencontre pour qu’il y ait la possibilité d’un mouvement...

 

Après une dernière intervention de TOLTEN, Maguy a abordé des thèmes essentiels comme l’institution, le club, les lieux sans différenciation et autres invariants de la Psychothérapie Institutionnelle.

 

Nous avons conclu ces 17èmes rencontres par une nouvelle diffusion du « Récital lexical » (déjà diffusé il y a un an), film réalisé par un collectif du centre de jour Antonin ARTAUD à REIMS animé par Patrick CHEMLA. Ce collectif (soignants/patients) a revisité les mots d’un vocabulaire qui nous est commun. Un grand moment partagé par toute l’assemblée...

 

        

Nous remercions chaleureusement tous les participants, les collègues qui ont accompagné tous ceux qui ont travaillé le thème de la soirée dans le cadre des ateliers thérapeutiques, Véronique BLANSTIER et la librairie de la Renaissance et merci bien sûr à nos intervenants, Maguy MONMAYRANT, Fernando VICENTE et TOLTEN.

 

      

Pour ne pas conclure, voici ce que Jean OURY a écrit au sujet de TOSQUELLES dans la préface du livre de Fernando:   

 

« je me rappelle Reus, quand je marchais avec lui, côte à côte, sur le trottoir, tels Don Quichotte et Sancho, il me disait souvent :   

« On apprend avec les pieds en marchant à côté de l’autre. On fait toujours son propre chemin, avec ses propres pieds et ses propres traces.    

On lira plus tard à travers la poussière qui restera sur nos pieds les traces laissées par les souvenirs des rencontres ».

 

Le chemin se fait en marchant....   

 

La Psychothérapie Institutionnelle est un mouvement, continuons ensemble et poursuivons le chemin !

 

A très bientôt

Les Psy Causent