13èmes Rencontres
CLIQUEZ SUR L'ARTICLE DU TARN LIBRE POUR L'AGRANDIR
CLIQUEZ SUR LE FLY POUR L'AGRANDIR
Les animateurs de l'émission radio MagikSud, diffusée sur R d'Autan sont allés à la rencontre de Patrick CHEMLA pour échanger sur leurs expériences radiophoniques communes (dans le cadre des activités thérapeutiques).
Cette émission a été enregistrée en préambule des 13 ièmes rencontres des Psy-Causent à Magrin.
Les Psy Causent et les Psy Causeurs, 70 personnes ce vendredi 7/09/12 ont de la chance !
Nous avons reçu Patrick CHEMLA, Psychiatre, Psychanalyste et Chef de service à Reims.
Les idées fortes qu’il a développées, les cas cliniques évoqués et l’approche de ces derniers, associés à son humanité, à sa gentillesse et sa disponibilité, tout cela nous a permis de passer une belle soirée, sans oublier votre présence à tous, indispensable.
Son exposé s’est appuyé au plus près de sa pratique de Psychiatre et de Psychanalyste au centre de jour Antonin ARTAUD, plus de 30 ans de praxis.
Ce lieu de soin se trouve au centre d’un dispositif orienté par la Psychanalyse et la Psychothérapie Institutionnelle.
Il accueille plus de 250 patients psychotiques par l’intermédiaire de : consultations, appartements thérapeutiques, associatifs, club thérapeutique, ateliers d’expression et de création, repas voyages, bricolages etc… Autrement dit des échanges relationnels ancrés sur des objets de réalité.
Patrick CHEMLA nous a expliqué combien tout ce dispositif « se remaniait au gré de la fluctuation du désir soignant sans cesse travaillé par une analyse institutionnelle permanente ».
Quel travail formidable et quelle chance…
Tout au long de la soirée il nous a encouragé à ne pas sombrer dans la plainte ou l’apathie et encore moins dans une posture « de déploration et de nostalgie d’un prétendu âge d’or »
Pour éviter cela il a également évoqué ce moment critique ou nous nous trouvons, sans manquer de nous rappeler que la Psychothérapie Institutionnelle s’est inventée dans un contexte plus hostile : conflit mondial et abandon massif des patients morts par milliers de faim. Nous pensons, comme d’autres partout en France, que la Psychothérapie Institutionnelle est plus que jamais d’actualité et qu’elle représente avec la Psychanalyse les « petits suppléments d’âmes » nécessaires, indispensables comme l’a récemment écrit dans un article Mathieu BELLAHSEN, jeune Psychiatre que nous aimerions recevoir un jour.
Patrick a aussi particulièrement insisté sur la transmission en proposant de la réinventer sans cesse pour éviter « un arrêt sur image », une « idéalisation d’un geste héroïque » qui pourrait agacer certains de nos jeunes collègues.
Ils sont nombreux à être motivés et représentent des « oreilles fraîches ». Nous devons bien sur transmettre mais aussi les accompagner. Patrick nous a proposé quelques pistes : « La supervision et plus encore l’analyse institutionnelle constituent alors nos seuls outils pour soutenir les personnes qui s’offrent au transfert ». Merci Patrick pour ce conseil précieux, tellement évident et qui nous l’espérons sera entendu à Lavaur comme ailleurs.
La transmission pour Patrick CHEMLA est primordiale. Il travaille ce sujet sur le long terme à Reims et a évoqué « l’alliage hétérogène des théories et des auteurs » qui ont compté pour lui et lui permettent de s’orienter dans sa clinique.
Autre sujet abordé les GEM. Il en a créé un, avec d’autres, en reprenant les signifiants des clubs thérapeutiques de la Psychothérapie Institutionnelle. Pour cela il a fait confiance à la capacité du Collectif pour « donner support d’inscription et d’élaboration » à ce nouveau dispositif posant parfois question.
Il a souligné l’importance que nous accordons à une autre capacité du Collectif celle « à surmonter ses conflits en les mettant en scène dans des praticables provisoires qu’il s’agit de trouver ou d’inventer ». Pourquoi pas dehors quand les lieux habituels (réunions institutionnelles) sont saturés par un « excès d’excitation ».
Enfin il a mis en question tout au long de la soirée les enjeux de « l’hospitalité, toujours à reconstruire » comme une sorte de préalable au transfert et contre transfert. Il a insisté sur cette hospitalité « comme strate logiquement antérieure à tout transfert ».
Pour lui l’hospitalité du transfert doit se faire en favorisant toutes les ouvertures à l’altérité et à l’humanité souvent évoqués également par les patients, « ce qui fait que pour eux, comme pour nous la vie vaut la peine d’être vécue ».
En s’appuyant sur un cas clinique Patrick nous a exposé comment dans certaines situations il s’agissait pour nous « d’accueillir la sensibilité naissante du sujet à l’altérité et la recherche d’une vivance leur permettant de se dégager de l’anéantissement psychotique »
Cela suppose pour lui une disposition particulière des soignants qui doivent construire un accueil du sujet. Cet accueil va s’appuyer sur des « objets de réalité partagée » permettant la « réalité sensible du transfert psychotique ».
Les affects souvent déliés des représentations doivent être analysés et la « tourmente des patients apaisée lentement dans le progrès d’une thérapie menée à plusieurs adossés au Collectif ».
Cette notion de transfert multifocal, développé par Jean OURY, nous permet d’accueillir la dissociation et les psychoses les plus graves.
En conclusion Patrick CHEMLA a questionné de façon très pertinente « notre capacité à cette hospitalité à la folie qui pourrait se réduire à un slogan si nous ne venions pas la mettre en acte dans l’espace du transfert »
Nous espérons que vous avez passé une bonne soirée et vous remercions tous d’avoir répondu nombreux à notre invitation. Nous remercions encore chaleureusement Patrick CHEMLA.
Rendez vous le vendredi 25 janvier 2013 pour les 14 émes rencontres des Psy Causent.